Le marché est ouvert
Des luminaires s'installent clandestins,
de la lumière s’imprime dans tes yeux.
De l'aveugle aux ruelles et sinueux réverbères,
naissent des voies intimes, infimes et multiples
devantures en bernes et terre en chantier... Terre !
Terrain à affranchir s'étrique d'une minuscule poussière,
soulevée par ici et tombée là.
Différence exige galaxie néglige, Kremlin s’efface.
Tu vois ?
Les reliefs calfeutrés d’un café
offrent l'épaisseur nécessaire aux matelas de nos consciences.
En face
le marché est ouvert
tard ce soir.
Des mèches de cuivre et d'éclat se mêlent aisément
à des bétons armés, et des couleurs fruitées en étales.
C'est un peu le parfum de l'apaisement
dilué de rayons tièdes et tactiles.
Les lignes de fuites et de goudrons s'étendent au devant
prêtes à être traversées.
Un sillon de l'inconnu, black steel taillé sur mesure, guidée par des noms de rues des panneaux d’interdits des ce que tu voudras, le mouvement qui suit est celui d'un film rayé en noir et blanc.
Vingt secondes... trente secondes...
surgit l'étincelle dans le noir, la ville se vide
de toute substance,
le rouge-gris, le rouge-clair et, l'éclair.
Des pas se lissent, des regards se baissent
des peaux se frôlent, des ombres s’isolent
Le temps file, le souffle esquisse une rue d’un autre désert
ou ferré, ou étranger.
Et à minuit,
la place des paradis
les guirlandes d’ampoules
les bruits de valse les gris de verre les papiers froissés, ce que tu ressentiras, entament leur danse suspendus entre deux fenêtres.
Et à l’horloge de minuit passé,
le banquet du Bicêtre
s’étiole.
Quelques rires humaines jouent leurs échos,
étirent la soirée.
Là, un manège s’éteint.
Le marché vire monochrome
plane, ce silence de chiffons urbains.
Le marché
se ferme.
S. - 2006