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 Le cycle du Corbeau

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2 participants
AuteurMessage
Alsciaukat
Vice Nova Alpha
Alsciaukat


Nombre de messages : 334
Localisation : Tours
Date d'inscription : 21/03/2007

Le cycle du Corbeau Empty
MessageSujet: Le cycle du Corbeau   Le cycle du Corbeau EmptyDim 17 Juin - 6:55

Bon eh bien certains d'entre vous l'ont peut-être déjà lu avec Léo, mais dans le désordre, alors voici le cycle du Corbeau, dans l'ordre Smile


I. Corbeau


Une échine tordue ébouriffée de plumes
Et au bout en un pic, un bec rocailleux,
Qui supporte la pointe acérée de ses yeux,
Deux cercles transparents qu'un feu blafard allume.

Dans son dos, menaçantes, deux silhouettes sombres,
Deux flèches repliées dirigées sur les cieux,
Deux ailes de noirceur dont les sommets cagneux
Projettent au sol un ange esquissé en leur ombre.

Et ses pattes crochues labourent dans la Pierre
Des sillons incolores, blessures gravées,
Qui quadrillent sans fin sa sinistre tanière.

Ses semblables s'alignent en des bancs dépravés,
Pénibles tâches grises aux faits de nos barrières
Qui narguent les humaines de leur plumage fier.



II. La naissance du Corbeau


Le vent glisse sous les ailes blanches
De l'oiseau qui plane dans le bleu,
Ivre d'un sentiment fabuleux
Qui brille au fond de ses yeux pervenche.

Juste en dessous s'étale la mer,
Lisse et brillante étendue d'argent
Dont l'éclat puissant et dérangeant
Creuse dans l'oiseau un puit amer.

Il s'abandonne enfin, se détend,
Plombé par son coeur qui se vérole,
Usé par la lumière du temps.

La mer s'est couverte du pétrole
Qui naissait quand périssait l'espoir.
Quand l'oiseau se relève, il est noir.



III. Le vol du Corbeau


Une étendue de neige règne sur le ciel,
Fait scintiller de blanc les murs de la cité,
Éblouit les passants dans les rues agitées,
Satisfaits de leur monde et de leurs vies partielles.

Au-dessus de leurs têtes, roi d’indifférence,
Le Corbeau les observe de ses yeux de jais,
Se moque éperdument de subir leur rejet,
Seulement soumis à sa propre tempérance.

Le ciel est son domaine, il s’y pavane en roi,
Seul occupant des cieux qui pèsent sur la ville,
Insensible aux émois, bonheur ou désarroi.

Les bêtes domestiques, selon lui serviles,
Le haïssent un peu plus chaque fois qu’ils le voient ;
Mais lui se fiche bien des cris qu’ils lui envoient.



IV. Le monologue du Corbeau


« Frère, regarde toi. Tes plumes sont salies,
Roussies par le soleil, tordues par les bourrasques,
Et ton corps maladif n’est guère plus qu’un masque
De blessures à vif, prélude à l’ordalie.

- Et alors, après tout ? Que m’importe cela ?
Rien pour moi ne dépasse le fait d’être seul,
Ivre de liberté dans le ciel, un linceul
Comme j’en voudrais un ; cela s’arrête là.

- Kyrielle d’animaux des cités te détestent.
- Mais ils sont domestiques, c’est qu’ils sont jaloux,
Ou bien je les effraie. – Rien d’étonnant, du reste.

Ris si tu le désires, leurs regards de loups
Inquiètent d’autres gens, et tu devrais me croire. »
Non peureux, le Corbeau détourne le miroir.




V. L’ordalie du Corbeau


Un cercle s'est créé parmi les animaux,
Comme un reflet terrestre de l'astre lunaire,
A l'atmosphère près que ce groupe génère,
Une ambiance de haine et de relents primaux.

Les yeux accusateurs examinent la proie,
Figée contre le sol, contrainte par la règle,
Ne pouvant s'envoler, surveillée par les aigles,
L'ensemble présidé par le lion, noble roi.

Les chefs d'accusation s'énoncent en silence
Car tous les animaux savent déjà cela,
Excepté le Corbeau, qui tremble et se balance.

Tous lui sont opposés, même le cancrelat,
Isolé contre tous, le Corbeau incapable
Voit son plumage noir le désigner coupable.



VI. La mise à mort du Corbeau


Son regard de ténèbre fixé sur le vide,
Sourd à ce qui l’entoure, juste indifférent,
Dénué de son air sournois et déférent,
Immobile et offert aux animaux avides.

Sur son corps fatigué qu’aucune vie n’allume
Se déchire la chair, s’agrandissent les plaies,
Comme si ses blessures pouvaient s’accoupler,
Et par poignées entières s’arrachent ses plumes.

Ils seraient trop heureux au moindre mouvement,
En verraient décuplées leur horreur et leur rage
Devant son corps obscur, ses légers tremblements.

Et tandis qu’au dessus se déchaîne l’orage,
Le Corbeau assailli rêve à son égérie,
A la Lune masquée pendant que lui périt.




VII. La cuisson du Corbeau


Une bande d'enfants se chamaille et regarde
Sur le bord du trottoir le tableau désolé.
Ils s'approchent et reculent du corps vérolé,
Prenant soin de ne pas y toucher par mégarde.

Autour d'eux les passants se penchent sur la scène,
Curieux de découvrir ce qui fait tant de bruit,
Découvrent au soleil la carcasse qui luit,
Et s'éloignent, choqués, de ce spectacle obscène.

Au milieu des organes grouille la vermine,
Cible des bâtons des macabres gamins
Qui rentrent enfant chez eux quand le jour se termine.

Puis la Lune se lève et recueille en sa main,
Soulevant de la rue, vaste et sinistre enclume,
Le coeur des attentions, un cadavre de plumes.



VIII. L’errance du Corbeau dans les limbes


En ces lieux le silence même est superflu.
Il tombe dans le calme des flocons de glace
Qui descendent au sol et doucement s’y placent
En un tableau gelé où les détails affluent.

Des falaises s’élèvent de chaque côté,
Imposantes et blanches, repères massifs
Dessinant la vallée dénuée de récifs,
Comme si un géant les avait tous ôtés.

Dans ce gouffre infini place une forme noire
Portée par des courants pourtant inexistants,
Aux yeux sombres, sans vie, sinistres entonnoirs.

Il n’y a pas de temps, un jour et un instant,
Pour l’obscure silhouette à l’allure indécente ;
Et l’âme du Corbeau annonce sa descente.




IX. La résurrection du Corbeau


Dans le velours du ciel parsemé d’étincelles
Oscille faiblement la reine de la nuit,
Qui peint d’un blanc laiteux la ville qui s’ennuie,
Plaque ce feu blafard la moindre parcelle.

Seul agite l’endroit un léger courant d’air,
Un petit tourbillon au milieu du ciment
Qui recouvre le toit du plus haut bâtiment
Que ne peut assombrir l’éclat des lampadaires.

Et le froid se répand sur cette pure union
De la Lune et la Pierre, l’homme et la nature,
Intangible frontière, vraie sublimation.

Dans un souffle de gel et un cri de torture,
Une ombre se dessine, de neige parée ;
Et lorsqu’elle s’ébroue, le Corbeau apparaît.



X. La gloire du Corbeau


Le brouillard se répand en des bancs vaporeux
Qui dérivent un instant et se laissent mourir
Parmi les arbres morts occupés à pourrir
Et les bâtiments sombres faits de gré poreux.

Cette chape s'étend sur les rues délavées,
Filaments argentés, empereurs de silence,
Qui dans des tourbillons se compriment et s'élancent,
Pour s'échouer enfin contre le sol pavé.

Un voile mortuaire recouvre la ville,
Seulement dérangée par les croassements
Des seigneurs d'aujourd'hui, hier pourtant serviles.

Ils paradent, moqueurs, sur les tas d'ossements,
Assemblée de Corbeaux venus voler en nombre
Dans le ciel obscurci de leurs plumages d'ombre.




XI. La folie du Corbeau


Au sein de mon esprit résonnent les souffrances
Des Corbeaux torturés, animaux disgracieux,
Qui s'envolent toujours un peu plus près des cieux,
Sans jamais apaiser leur douloureuse errance.

Devant mes yeux s'agite l'ombre de leurs ailes
En un ballet macabres de corps distordus
Qui dansent à la gloire des âmes perdues.
Avec une pénible hâte et trop de zèle.

Et la ville s'emplit des râles étouffés
De cette multitude à la conscience unique,
Où chaque sait ce que chaque autre voit ou fait.

Et je ressens cette présence tyrannique
Dans tout mon être qui lentement s'amollit,
Et sombre peu à peu au fond de sa folie.
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Gabrielle
Comète
Gabrielle


Féminin Nombre de messages : 42
Age : 36
Localisation : Tours
Date d'inscription : 29/05/2007

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MessageSujet: Re: Le cycle du Corbeau   Le cycle du Corbeau EmptyDim 17 Juin - 7:07

Meme si c'était plus vivant dans le texte de Léopold en lui même, c'est très joli comme ça aussi Smile
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Invité
Invité




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MessageSujet: Re: Le cycle du Corbeau   Le cycle du Corbeau EmptyMer 20 Juin - 10:06

Un seul mot me vient à l'esprit: Waou!
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Alsciaukat
Vice Nova Alpha
Alsciaukat


Nombre de messages : 334
Localisation : Tours
Date d'inscription : 21/03/2007

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MessageSujet: :)   Le cycle du Corbeau EmptyJeu 21 Juin - 10:59

Merci à vous deux Smile Un second cycle a d'ailleurs vu le jour il y a peu, et se poursuit doucement...
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MessageSujet: Re: Le cycle du Corbeau   Le cycle du Corbeau Empty

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